Passons une frontière et n’allons finalement pas très loin pour découvrir notre extra-triée Manu pour les intimes 🙂
- Emmanuelle tu es au club depuis 2005, quelle fidélité !
Déjà 15 ans que je pratique l’athlétisme en club (plus de la moitié de mon existence !) dont 8 avec Villeneuve d’Ascq, cela ne me rajeunit pas !
- Quels ont été celles et ceux qui t’ont branchée athlé et formée ?
Dès l’école primaire, je faisais pas mal de sport et ai pu toucher à plein d’ activités différentes : la crosse, football, basket, handball, roller, hockey, athlétisme, VTT. Avec notre maitre d’école, nous participions régulièrement à des rencontres Ufolep. Je me souviens d’avoir fait des haies pour la première fois à une de ces rencontres, dans la salle de Liévin ! Avec l‘école de Bonningues-les-Calais, nous participions aussi régulièrement aux courses dans les environs (les foulées guînoises, le cross de la jeunesse de Calais). Au collège, j’ai fait les cross d’établissement que j’ai tous gagnés et j’ai « naturellement » participé aux cross de niveaux supérieurs, les cross UNSS.
Je participais aussi régulièrement aux courses de village qui pouvaient se présenter. Après avoir gagné l’une de ces courses dans mon village, à Saint-Inglevert, un dirigeant de club, Monsieur Dumaine, est venu me voir et m’a demandé si je ne voulais pas venir courir en club. C’est ainsi que j’ai commencé avec François Mazouat puis Frédéric Mahé à l’EMA62.
Avant d’arriver à l’EMA62, j’étais Scout de France. Je ne me sentais plus bien dans le groupe. Cela m’a aidée à pousser la porte du club.
Un détail qui n’est pas à négliger, je suis fille de parents marathoniens, j’ai la fibre de la course à pied depuis que je suis née. D’ailleurs, mon grand-père disait « je ne l’ai jamais vue marcher, Emmanuelle ». Et c’est toujours d’actualité, au travail, je suis incapable de marcher, je suis toujours en train de courir !
- Désormais installée en Allemagne, l’herbe y est plus verte ou simplement les circonstances de la vie ?
Un mélange des deux.
J’ai effectué un master MEEF à Villeneuve d’Ascq dans le but de devenir Professeur des Écoles. Lors des différents stages dans les écoles, j’ai tout de suite senti que la manière d’enseigner, le système scolaire ne me correspondaient pas. Je préférais le système allemand des Kindergarten, les jardins d’enfants, que j’ai pu expérimenter également lors de ce Master, dans lequel l’autonomie, la sociabilité des enfants prennent plus d’importance et où il n’y a pas de notation dès le plus jeune âge. (L’école maternelle n’existe pas en Allemagne. Les enfants entrent à l’école à 6 ans. Pour les 3-6 ans, c’est le Kindergarten.)
L’expérience d’une année de volontariat écologique outre-Rhin effectuée entre ma licence de biologie et mon Master ne m’ont pas non plus laissée indifférente. J’y ai trouvé un confort de vie qui me correspondait mieux. Le fait de vivre dans un pays où l’on doit parler une autre langue que sa langue maternelle est le petit truc en plus qui me plait !
Je ne me voyais pas de futur en France.
- Licenciée à l’ACVA certes, mais tu t’entraînes outre-Rhin : quelles différences si elles existent avec la France, dans l’approche ?
Lors de mon volontariat, je m’entraînais à Mayence. Au début de chaque séance, nous nous échauffions sur un parcours en écorces (Il en existe de nombreux en Allemagne) et nous faisions systématiquement du travail de foulée et de pied dans des sortes de bacs remplis de sable, d’écorces, de pommes de pin…On travaillait ainsi les sensations proprioceptives, la sensibilité des pieds et des chevilles.
De plus, en Allemagne existent un peu partout dans les parcs des petits bassins d’eau froide dans lesquels on descend et marche. C’est la méthode Kneipp pour stimuler la circulation du sang, favoriser la récupération, combattre les jambes lourdes.
En Allemagne, à tout niveau, on utilise systématiquement des rouleaux de massage en mousse après l’entraînement, qui favorisent la récupération, aident à éliminer les toxines, sollicitent les muscles profonds…
En partant de France, le seul footing que je faisais dans la semaine, c’était le dimanche. Il ne dépassait pas 10km. Quand je suis arrivée à Hanovre, ça a tout de suite été autre chose : 4 sorties par semaine étaient au programme, de 8km à 18km le dimanche. Le foncier, les sorties longues font partie de l’entrainement et ne sont pas négligées, je dirais même qu’elles sont favorisées.
Enfin, j’ai quitté la France après mes études. Elles avaient été prioritaires pour moi sur le sport. Je faisais alors environ 5 entraînements par semaine. En Allemagne, l’envie de performer devint plus grande, avec 8-10 entrainements par semaine. Ce n’est plus la même chose.
- Globalement la culture sport de nos voisins, est-ce vraiment autre chose ?
Je ne pense pas déceler d’énormes différences.
Le vélo fait partie du quotidien, les aménagements de pistes cyclables sont très développés. D’ailleurs le cycliste est prioritaire (il faut tout de même rester vigilant !). Les gens roulent facilement 30-45min pour se rendre sur leur lieu de travail. Il faut dire que tout est fait pour que le vélo ne reste pas dans le garage : pantalon de pluie, cape de pluie, gants, sac imperméable… ! Je sors mon vélo tous les jours par tout temps et ai un trajet d’environ 30min dans la verdure pour aller travailler.
Au niveau de l’athlétisme, en tant qu’étrangère je n’ai pas le droit de participer aux Championnats d’Allemagne, contrairement aux étrangers en France. Je ne peux courir que jusqu’au niveau des championnats du Nord d’Allemagne, équivalent aux interrégionaux français. Je trouve cette règle normale et logique, je ne prive pas une allemande de participer aux championnats de son pays.
- La saison 2020 a été très contrariée : quels sont tes objectifs ?
Cette saison a été compliquée plus sur le plan psychologique que sur le plan physique. Cela a été très dur de tenir jusque mi-septembre pour les Championnats de France. Je voulais déjà stopper la saison début août. Après ces mois brumeux, mon seul but était la qualification aux France avec l’espoir d’avoir de bonnes conditions de course ce jour-là, pas plus.
Les objectifs pour la prochaine saison 2020/2021 vont être définis dans les prochains jours, je suis encore dans la réflexion.
- Le 1500 a toujours ta préférence, tu penses ou envisages de « monter » comme on dit sur 3000, 5000, route ou tu restes sur la piste ?
Avant le 1500m, le 800m était ma spécialité de prédilection. Avant de (presque) doubler la distance, j’ai souvent dit « jamais de la vie je ne ferai de 1500m, c’est trop long » !
« Jamais de ma vie je ne ferai de 3000m, c’est beaucoup trop long » était une phrase qui revenait souvent jusqu’à il y a 1 an. Je sais qu’en vieillissant, la montée sur les distances plus longues est presque inévitable, et j’y pense sérieusement maintenant. Cela fait 7 ans que je m’entraine presque exclusivement pour le 1500m et je sens que ce moment approche, que j’ai besoin de nouveaux challenges, même si je pense ne pas avoir pu m’exprimer à 100% sur ces 3 tours 3/4. Une saison nouvelle sur 3000m-5000m et pourquoi pas sur le steeple n’est pas à écarter. Si la montée ne se fait pas cette année, elle sera sans aucun doute pour l’an prochain.
Le marathon me fait rêver et j’en courrai forcément ! Ce n’est là qu’une question de temps !
- Sinon un come-back dans l’hexagone, c’est possible ?
Ce n’est, pour le moment, pas du tout envisagé. J’aime mon travail à Hanovre, j’aime la vie ici.
- Pour finir un sprint :
- La dernière chose que tu fais avant de t’endormir ?
Je vérifie toujours que mon réveil est bien mis.
-
- Ton plat préféré ?
Je n’ai pas de plat préféré, mais l’automne s’installant, la soupe au potimarron-lait de coco est un plat que je peux manger tous les jours en cette saison et dont je ne peux me lasser.
-
- Le plat, la boisson ou l’aliment qu’il t’est impossible de manger ?
Je déteste et détesterai toujours les endives au jambon ! Ma maman en cuisinait régulièrement à la maison, je ne pouvais pas les avaler, je ne mangeais que le jambon et la béchamel. Je suis traumatisée à vie !!)
Tout comme le café donc je déteste l’odeur, on ne m’en fera jamais boire une tasse de la vie !
-
- Ta musique (genre, artiste, groupe,…) préférée ?
Vous êtes sûrs que vous voulez savoir ?! La musique fait partie de la culture d’un pays, et la Schlagermusik, la musique Schlager fait partie intégrante de la culture germanophone. C’est un genre de musique qui n’a pas d’équivalent français. On pourrait la qualifier de musique « populaire », « de variété » … Et moi, je suis tombée dedans comme Obélix dans la marmite ! J’adore (bon en fait j’en suis très fan mais chut !) Helene Fischer, la chanteuse la plus connue de ce genre, la « Johnny Halliday » nationale pourrait-on dire, ou encore « la Céline Dion allemande » dont l’Europe non-germanophone n’a jamais entendu parler et qui pourtant est l’artiste non-anglophone qui vend le plus de disques !
Pour les curieux, un portrait Karambolage expliqué pour les français : https://youtu.be/Sv8-Re6DoyM 😉
-
- Ton idole sportive ?
Je ne peux dire que j’ai une ou des idoles sportives dans le sens premier du terme. Mais en tout cas les noms d’Eunice Barber et Carolina Klüft ont longtemps accompagné mon enfance (même avant que je ne commence l’athlé en club !)
Sinon, j’admire beaucoup Emma Oudiou qui est non seulement une sportive d’exception, mais qui est aussi une personne très sensible aux injustices et engagée.
-
- L’appli ou site internet au(x)quels tu es accro. ?
J’avoue être (très) beaucoup sur Instagram. J’aime la photo. Et j’aime partager mes photos sur mon compte originel (@meixang).
-
- Ton juron préféré ?
Je ne suis pas quelqu’un qui jure beaucoup. Je lance des « c’est relou » à tout bout de champ… Si on peut appeler cela un juron.
-
- L’expression que tu dis tout le temps, s’il y en a une ?
Le « juron » de la question précédente peut aussi être la réponse à celle-ci !
- Enfin pour terminer, un message pour les licenciés du VAFA ?
Malgré la distance, je pense toujours au groupe d’Olivier que j’ai quitté « physiquement », je ne l’oublie pas et c’est toujours avec autant de plaisir que je le retrouve sur les stades ici et là en Belgique et aux Championnats de France. Je suis toujours fière de porter les couleurs du VAFA.
Didier Lieven – Septembre 2020